Brûler le palais
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Joyeuse sédition selon Matthieu (Part 4)
- Le 11/09/2024
- Dans Joyeuse sédition selon Matthieu
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Encore quelques bonds et Matthieu sera à bonne distance. Jamais cette fichue ville ne lui avait semblée si amicale. Tout était recoin, angle de tir, point haut, abri. Trois jours qu’il travaillait sa reconnaissance le long d’un itinéraire de ruptures de trajectoire, de caches, de changements de tenues, de pas, d’allure. Il était un peu grisé par cette infiltration qui ne ressemblait à aucune de celles qu’il avait déjà pratiquée en milieu hostile, sous des latitudes tropicales. Il s’infiltrait dans son propre pays. Il était le poisson maoïste dans l’eau saumâtre d’un Etat de « démocratie absolue » ayant déployé l’arsenal du contrôle social, de la surveillance et de la répression.
Il avait revêtu une tenue urbaine, sombre, qui ressemblait à celles des ces groupuscules enfantés dans les quartiers bourgeois. Surnommés les Chaoistes, ils sillonnaient la capitale depuis plusieurs semaines. Immatures, violents, sans épaisseur, ils n’étaient animés que par le goût du sang en meute et de la rapine dans les boutiques fringues hip et hi-fi. Matthieu se disait qu’encadrée, entraînée, civilisée, cette jeunesse-là aurait pu trimballer la société vers une sacrée belle aventure. Mais derrière les banderoles outrancières éclairées par les coquetèles molotov, il n’y avait aucun idéal, aucune culture : rien d’autre que des cris, des gesticulations. Seul l’extrême vide de leur existence était partagé autour des autodafés qu’ils allumaient peureusement un peu partout dans la capitale, au début de la nuit, comme des bivouacs de guerre. Aucune victoire sur eux-mêmes laissait entrevoir l’absence de toute victoire globale.
Matthieu s’approchait du quartier surnommé la Qasabah, la forteresse, au cœur de Paris, tenu par les islamistes. La nuit était tombée très vite. Il devait alors passer par les toits et les balcons. La rue était un piège où le blanc imberbe était voué à la lapidation sans sommation. Il se défiait de tout. Les Salaf étaient mieux organisés que les Chaoistes ; l’habitude des choufs, des trafics, des marques de souveraineté des caïds et de l’organisation des territoires. On trouvait là des arabes, des bosniaques, des noirs, des convertis en masse, des indonésiens, des gamins désœuvrés et des putes blanches qui subissaient les pires soumissions que leurs rêves de harem ne laissaient pas entrevoir sous le voile de l’amour libre.
Matthieu se redressait maintenant. Il restait sur ses gardes, le cou rentré dans les épaules, les muscles bandés. Il savait être taureau dans les bagarres, félin lors des infiltrations, caméléon dans l’attente d’un guet. Il sautait de faitière, en parapet avec aisance. Son arme, un DAN.338, était arrimée dans son dos pour ne pas faire de bruit. Simple d'utilisation, léger, il convenait parfaitement à la mission. Il avait aussi fait le choix d’un Glock 17, avec silencieux RDS Vortex, pour le nettoyage ; doublé d’une lupara sur une base Baikal IJ43, pour se dégager. Les Salaf avaient pratiqué des ouvertures dans les appartements pour se déplacer entre les étages et entre les pâtés de maisons sans avoir à sortir. Matthieu utilisait ces passages avec précaution. Certains étaient tapissés de douilles de kalach. Des tas étaient formés au pied des meurtrières ouvertes vers la rue. Il faisait régulièrement des pauses, dos au mur, silencieux, à analyser les bruits autour de lui. Cela lui permettait de faire retomber la tension.
Après trois heures d’infiltration, Matthieu arrivait enfin aux abords du quartier réservé, dernière enclave avant la Pépinière, résidence-fortifiée de Jovis, Président de ce pays. Son objectif était une des bâtisses offrant un angle de tir réduit, à presque 1 100 mètres de distance, sur le balcon ou devait se dérouler une cérémonie en l’honneur de l’adoption d’une fille de treize ans par le couple présidentiel. La petite princesse démocrate devait succéder à Jovis et mettre symboliquement fin au patriarcat en France : la dernière mue, avaient annoncés les medias. Ce balcon était la seule faille dans le dispositif ultra sécurisé autour de Jovis, de sa femme, de sa cour.
Le quartier réservé était clos. Les portes d’accès avaient dues fermer dès les premiers feux en zone des Chaotistes. Rouleaux de barbelés, grillage de sept mètres de haut, miradors, postes et projecteurs, ne laissaient aucun passage possible hors des faisceaux lumineux et des patrouilles du service d’ordre rapproché : les Protecteurs. Matthieu savait instinctivement qu’il ne pouvait pas s’infiltrer dans cette zone. L’exubérance de sa virilité dépouillait, avec outrance, chaque citoyen de ce quartier de tout droit de lui ordonner quoi que ce soit. A l’intérieur, le petit monde des néo-démocrates vivait dans l’état de grâce de la Grande Libération de Mai, cette révolution portée par les médias et les grands trusts. La Grande Libération avait aboutie à la rédaction d’une bâtisse mentale, Le Manifeste de la nouvelle Humanité, se substituant à la Déclaration des Droits de l’Homme.
Il prit position. Le froid s’installait, lui mordant la chair. Il craignait que la brume n’apparaisse. Dans le brouhaha des ruelles de la Qasabah, il percevait le bruit plus dense des gens qui se rassemblaient autour des braseros. Il effectua les derniers réglages des tourelles de la lunette, liés à l’angle d'inclinaison vers le bas. Il n’avait pas emporté son smartphone avec l’application balistique de peur de se faire repérer. Il serra la bretelle en cuir de son DAN, pressa la crosse sur les os de l’épaule, verrouilla le poignet, le fusil dans la paume de la main. Puis il souda littéralement sa joue sur l’appuie-joue, écrasant sa mâchoire presque douloureusement. L’odeur de graisse d’arme disparaissait sous celle des braseros. Il aligna les organes de visée sur la cible, à l’endroit exact ou le tir devait arriver : pleine tête. Il ferma les yeux, respira profondément et complètement, relâcha son corps. Le fusil arriva au point naturel de visée. Jovis était là, dans son viseur ! Il secouait la tête avec cette moue d’enfant capricieux qui avait fait l’objet de tant de caricatures. Il appuya sur la détente.
Briga regardait Jovis. Plus exactement, elle le scrutait, décryptant dans ses traits tous les signes des faiblesses qu’elle connaissait par cœur. Le maquillage ne voilait rien, il creusait même, en fin de journée, des sillons épais qui laissaient tout deviner. Le cabotinage lorsqu’il avait cette mimique ridicule de garçon boudeur, les hésitations lorsque les yeux s’ouvraient trop arrondis, la peur lorsque les narines se dilataient et qu’il semblait perdre haleine, le ton agressif qu’il prenait, le petit rictus hautain qui lui creusait la joue et lui fermait les paupières. Il n’était pas beau, car il transportait à la fois trop de méchanceté et d’ignorance pour l’être. Il était une grimace qui n’arrive pas à se poser. Il n’était pas beau, mais il avait de la chance. C’était d’ailleurs toute son histoire récente. Porté par les trusts, flatté par les medias, il avait profité du système électoral défaillant de la démocratie pour être porté à la Présidence d’un pays avec 16% des voix. Depuis lors, il gouvernait sous téléguidage d’éminences grises dont la non-traçabilité rendait impossible l’identification. Il était donc officiellement le seul despote éclairé de ce coup d’Etat démocratique. Le lot habituel des alliances perfides, lâches, ainsi que les rêves mièvres et superficiels de la société firent échouer toutes les âmes en peine à ses pieds. Après le très court printemps, vint la saison de la répression.
Briga était charnellement à Joris depuis les plus tendres années de ce dernier à qui elle avait fait découvrir son corps de femme. Les usages l’avaient pointée du doigt. Les ricanements avaient finit de l’aigrir. Elle avait gardé le goût des jeunes hommes. Lui avait développé un rejet de la femme-amante au profit de celui de la femme-mère dont elle avait endossé l’habit. Elle portait en détestation tout ce vieux monde qui l’avait emprisonnée dans ce rôle de vieille fardée, attifée des robes les plus chères qui ne pouvaient cacher des fesses plates, des yeux enfoncés dans les orbites, des perruques ridicules. Son ventre récalcitrant lui avait refusé toute descendance légitime. Mais le légitime, elle s’en fichait. C’est pour cette raison qu’elle avait exigé que Jovis lui trouve une fille à adopter. Jovis, qui ne se sentait investi d’aucune mission procréatrice, vit dans cet événement un nouveau moyen d’exister différemment de ses prédécesseurs. L’intronisation de leur fille portait la revanche de Briga et la boulimie d’événementiel de Jovis. La révolte des Salafs et des Chaotistes n’y changeraient rien. Comme la fronde des Opposants, elles seront matées dans un succédané de justice. La force de Jovis était dans l’infatigable discorde des Français autant que dans ses soutiens invisibles, créatures qui venaient s’enrichir du chaos et du sang répandus.
La balle fracassa le crâne de Jovis au moment où Briga allait annoncer le discours. Elle ne comprit pas ce qui se passait. Le sourire de Jovis était encore présent sur son visage ouvert en deux. Matthieu était toujours l’œil rivé à sa lunette, désolé d’avoir tué, ne ressentant aucune d’ivresse, totalement affranchit de ses contrariétés liminaires. Il croit et il agit, ses épaules étaient suffisamment larges pour supporter tout le poids de ses choix ancrés dans la légitimité, sans regard sur le détail de leur légalité. Aucun ange émissaire ne pouvait retenir sa main une fois une décision arrêtée.
Le tumulte imprégna rapidement toute la Pépinière, la smala virevolta autour du corps du Président, comme des papillons pris dans un faisceau de lumière. Briga restait sidérée, bouche ouverte, recouverte du sang de Jovis. Dans le lent ralenti de la chute du corps de Jovis elle vit s’effondrer tout son nouveau monde qui fit reparaitre, derrière les décors, les vielles peurs des humiliations. Elle hurla à pleine haine, plus que de tristesse.
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Diner de barricades
- Le 30/03/2024
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Aujourd'hui, diner de barricade dans l'angle mort des quartiers populaires. Les vieilles hiérarchies sont branlantes, l'humain devient étranger à sa propre essence. La révolte est dans l'instant, nous allons renouer avec la beauté des commencements. Les barbares n’auront pas leur mot à dire sur la manière dont nous nettoierons leur sang quand nous nous serons libérés.
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Bar de la Plage
- Le 20/08/2023
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Toutes les nuits, nous refaisons le monde au bar de la Plage. Nous fabriquons des soleils levants, de nouvelles civilisations dont nous sommes les cariatides. Et dire que l'on nous prend pour de simples piliers de bar...
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Demain, je pars ! Une phrase comme un programme de vie
- Le 29/07/2022
- Dans Ligne de faille
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Joyeuse sédition selon Matthieu (Part 3)
- Le 26/05/2022
- Dans Joyeuse sédition selon Matthieu
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Briga regardait Jovis. Plus exactement, elle le scrutait, décryptant dans ses traits tous les signes des faiblesses qu’elle connaissait par cœur. Le maquillage ne voilait rien, il creusait même, en fin de journée, des sillons épais qui laissaient tout deviner. Le cabotinage lorsqu’il avait cette mimique ridicule de garçon boudeur, les hésitations lorsque les yeux s’ouvraient trop arrondis, la peur lorsque les narines se dilataient et qu’il semblait perdre haleine, le ton agressif qu’il prenait, le petit rictus hautain qui lui creusait la joue et lui fermait les paupières. Il n’était pas beau, car il transportait à la fois trop de méchanceté et d’ignorance pour l’être. Il était une grimace qui n’arrive pas à se poser. Il n’était pas beau, mais il avait de la chance. C’était d’ailleurs toute son histoire récente. Porté par les trusts, flatté par les medias, il avait profité du système électoral défaillant de la démocratie pour être porté à la Présidence d’un pays avec 16% des voix. Depuis lors, il gouvernait sous téléguidage d’éminences grises dont la non-traçabilité rendait impossible l’identification. Il était donc officiellement le seul despote éclairé de ce coup d’Etat démocratique. Le lot habituel des alliances perfides, lâches, ainsi que les rêves mièvres et superficiels de la société firent échouer toutes les âmes en peine à ses pieds. Après le très court printemps, vint la saison de la répression qui coïncida avec la fin de la grande pandémie de coronavirus.
Briga était charnellement à Joris depuis les plus tendres années de ce dernier à qui elle avait fait découvrir son corps de femme. Les usages l’avaient pointée du doigt. Les ricanements avaient fini de l’aigrir. Elle avait gardé le goût des jeunes hommes, lui avait développé un rejet de la femme-amante au profit de celui de la femme-mère dont elle avait endossé l’habit. Elle portait en détestation tout ce vieux monde qui l’avait emprisonnée dans ce rôle de vieille fardée, attifée des robes les plus chères qui ne pouvaient cacher des fesses plates, des yeux enfoncés dans les orbites, des perruques ridicules. Son ventre récalcitrant lui avait refusé toute descendance légitime. Mais le légitime, elle s’en fichait. C’est pour cette raison qu’elle avait exigé que Jovis lui trouve une fille à adopter. Jovis, qui ne se sentait investi d’aucune mission procréatrice, vit dans cet événement un nouveau moyen d’exister différemment de ses prédécesseurs. L’intronisation de leur fille portait la revanche de Briga et la boulimie d’événementiel de Jovis. La révolte des Salafs et des Chaotistes n’y changeraient rien. Comme la fronde des Opposants, elles seront matées dans un succédané de justice. La force de Jovis était dans l’infatigable discorde des Français autant que dans ses soutiens invisibles, créatures qui venaient s’enrichir du chaos et du sang répandus. La pandémie avait arraché les derniers restes d’humanité de ce monde. Il se sentait en droit d’imposer, pour le bien des survivants.
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Conservatisme révolutionnaire
- Le 13/01/2022
- Dans Coupure de presse
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L'état de grâce de l'hédonisme confortable du capitalisme et du progressisme prend fin ! L'inquiétude écologique fait renaître la peur du chaos, du manque, de la misère, qui sont les ferments des révolutions. Le règne de la consommation, des médias, disparaîtra dans l'état d'urgence d'une lutte immédiate, dans l'engagement total d'un conservatisme global.
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Aux confins d’un nulle part exotique
- Le 30/09/2021
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Ouvrir une ambassade aux confins d’un nulle part exotique, en bord de mer. Y boire du vin délétère et du café aristocratique, vivre. N’être que spontanéité et d’une énigmatique nonchalance. Rire, lire, écrire. Puis se taire. Certains silences ponctuent des siècles de bruit. Ne prendre au sérieux qu’une seule femme à la chevelure profonde. L’épouser. Se vérifier de temps à autre dans le miroir, sans complaisance. Vivre intensément, comme un Dieu ou une bête. Danser. Sobre, sombrer dans l’absolu, cette folie de condamné, de torturé. Apprendre à marmonner comme Gould, à éclater de couleurs comme de Staël. Vieillir. Soumettre sa force, son impérialisme à une œuvre, ou bien tout brûler. Et si l’Ambassade ferme, tout recommencer. Devenir serveur dans un bar d’Oymyakon, cavalier errant en Mongolie, marin sur un brise-glace, aventurier en Toscane, chanteur de charme à Cao-Bang, Lord désargenté en Argentine, tireur de sarbacane empoisonnée dans une jungle profonde. Puis acheter un bateau, faire naufrage, sur le sable laisser une empreinte éphémère.
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Je déteste notre époque
- Le 29/01/2021
- Dans Ligne de faille
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Je déteste notre époque, la passion y apparaît comme un égarement, la beauté comme une victime vouée aux lapidations.
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La liberté n’est plus une passion
- Le 03/01/2021
- Dans Ligne de faille
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La liberté n’est plus une passion présente à la conscience de la jeunesse, comme elle n’est plus la voix d’accès à la vérité de l’existence dans le monde adulte. Que nous ayons fini par penser la question de la liberté en terme d’équilibre et non plus d’aventure, est un signe inquiétant de l’avancée de notre décadence.
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Rien ne m’attache à mes contemporains
- Le 05/07/2020
- Dans Ligne de faille
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Je déteste cette idée de devoir mourir comme tout le monde alors que rien ne m’attache à mes contemporains, ni mes os, ni ma peau, ni mon cœur ou mon âme.
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C'est dans les vieux spleens qu'on taille les plus beaux étendards !
- Le 12/06/2020
- Dans Pneumatiques
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T’en souviens-tu ? …nous déjeunions de combats et dînions de serments, comme autant de soufflets gantés que nous jetions à la face de notre époque corsetée. Fiers, ivres et arrogants, nous voulions brûler les palais et appelions à des bastides ensoleillées à la sobre beauté cistercienne dont nous portions toute la démesure. Nous avions l’inlassable espérance d’y perdre notre virginité dans la chevelure d’une femme ardente, de l’épouser et édifier notre clan. Nous étions habités d’une violence de briseur de grève et tenaces comme la nacre baroque des ormeaux.
Nous avons aujourd’hui notre absolu de l’amour, notre certitude du clan. Pourtant nous voilà toujours exilés dans le labyrinthe mouvant qui mène vers notre Ithaque, à devoir lutter sans cesse contre des sirènes inutiles et des cyclopes entêtés, à contempler le spectacle fascinant du carnage de la décadence… inadmissible et vertigineux gâchis… décombres amoncelés… impitoyable, sombre et redoutable démission de l’homme civilisé …
Acculés, agités des derniers soubresauts de l’instinct sauvage. Le muscle prêt à foudroyer le Moloch aux chaires molles. Nous nous rangeons encore derrière la bannière implacablement dressée, celle de l’idéal de notre jeunesse ébouriffée confluant avec notre force mature, pour ne pas laisser nos enfants hantés par une cruelle Némésis.
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Sans égard pour les gestes des suppliants
- Le 22/05/2020
- Dans Ligne de faille
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Dans la débâcle de toutes les convictions, et les manifestations pareilles à une danse macabre et burlesque d’une fin de civilisation, je m’en vais plein d’une haine généreuse, torche et pistolet en main, anéantir la chimère, sans égard pour les gestes des suppliants.
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Tout doit être follement incertain !
- Le 09/04/2020
- Dans Ligne de faille
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Nos rêves ont plus d'imagination que la vie ; et la force même de ces rêves aristocratiques s’impose en modèle exigeant, en pacte intraitable, chez certains hommes qui se précipitent à la conquête de leurs folies parfumées de poésie.
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Toute civilisation exténuée attend son invasion barbare
- Le 04/04/2020
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Appuyé avec lassitude sur la colonne d’un temple antique, les grands yeux sombres habités des seules distractions prometteuses et enivrantes des aurores tièdes, toutes de majesté et de grandeur ; l’homme moderne a perdu la compréhension effrayante des feux de bivouacs qui scintillent, de plus en plus nombreux, dans un couchant magnifique annonçant les ténèbres crépusculaires. Toute civilisation exténuée attend son invasion barbare.
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Plus d’esclaves et moins de citoyens : l’air de la liberté se raréfie
- Le 12/09/2019
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Les nouveaux bourreaux
- Le 05/09/2019
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Il n’y a jamais eu autant de prédicateurs et de sermonneurs que depuis que les églises se sont vidées. Et les nouveaux cléricaux de ces multiples paroisses communautaires sont prêcheurs le jour et juges la nuit, prêts à revêtir la cagoule du bourreau.
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Toute audace est baroque !
- Le 14/08/2019
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Toute la tendance contemporaine jaugée à l’étalon égalitaire, son goût hypocrite pour la tolérance, son contenu austère, pèsent lourdement sur le destin tout entier de l’idée de baroque dont l’essence aristocratique est l’audace, le mystique, l’excès, le mouvement, l’esthétique. Toute rébellion, toute effervescence, toute explosion est baroque ! Je suis baroque, pour le panache contre la propagande. Je hais le conformisme classique, urbain, laïc, sévère et appliqué, avec sa prédisposition pour la lâcheté.
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J'ai espoir que tout ce que je dis pourra être retenu contre moi !
- Le 22/06/2019
- Dans Ligne de faille
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Je suis né chez les Augustines, à la fin d’un été. J’ai grandi dans la préface du deuil de ce monde. J’ai côtoyé les soudards de la république, vu ses putains, ses mignons, ses défroqués. J’ai vu vos destructions. Vos soirs d’ivresses ne sont pas mes soirs d’ivresse. J’ai mille nuits bleues contre vos nuits blanches.
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A l'abattoir ! A l'abattoir !
- Le 07/06/2019
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L'homme débarrassé de toute trace de religion, consciente ou non, est bon pour l'abattoir des grandes guerres démocratiques.
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Voilà ce que le monde moderne m'apporte
- Le 11/04/2019
- Dans Pneumatiques
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Je perds une illusion par jour, j'épuise le stock dans la considération de la triste réalité de la modernité, sans lueur spirituelle, jusqu’au plus noir du désespoir. En contrepartie je construis une forteresse dure et blanche de certitudes. Voilà ce que le monde moderne m'apporte, en plus du froid et des imbéciles.
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Fauves insensibles aux promesses
- Le 29/01/2019
- Dans Ligne de faille
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Nous constituons peu à peu un héritage de la revanche que nos enfants viendront réclamer ! Leurs désirs insatiables de joie outrepasseront l’immense plaine des mélancolies contemporaines. Ils seront les prochains géants des grands vents, des tempêtes. Ni charognards, ni prédateurs… fauves insensibles aux promesses
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La possibilité radicale d'une joie violente
- Le 01/01/2019
- Dans Ligne de faille
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Et pourquoi, au plus noir du désespoir de ce monde à la dérive, ne pas envisager la possibilité radicale d’une nouvelle joie violente, sans compromission ?
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Né sauvage !
- Le 16/11/2018
- Dans Ligne de faille
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Quand on a la chance d’être né sauvage, indompté, il faut se battre comme une brute pour le rester.
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Nous sommes les fauves escortant les vents violents
- Le 21/07/2018
- Dans Ligne de faille
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Notre multitude n'est encombrée de rien ! Elle se prépare au pire. Elle avance, la faim au ventre... une faim d'aventure, de révolte, de grondement. Nous sommes les fauves maigres escortant les vents violents.
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Il plane une odeur de cendre
- Le 05/07/2018
- Dans Ligne de faille
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Quitte à avoir des adversaires, je les préfère exagérément forts. C’est toujours beaucoup plus intéressant quand on exagère. Le courage doit être le même des deux côtés de l’orage. Ce n’est plus le cas. De l’autre côté, le monde s’ennuie, vacille et se réduit. Ils viennent à tout détruire à mesure qu’ils avancent dans leur détestation d’eux-mêmes. Alors, débout sur l’édifice merveilleux de la barricade, je mesure, sans indulgence, l’extrême misère de l’homme et de sa femme anéantie. Il plane une odeur de cendre. Et je méprise cet instant subtil et éphémère, lorsque le monde bascule, lorsque l’homme ressemble monstrueusement à l’homme.
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Une guerre contre vous qui mourez trop lentement !
- Le 13/06/2018
- Dans Ligne de faille
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Une guerre contre vous qui mourez trop lentement. Une guerre en compagnie d’amis ensevelis. Une guerre contre tous ces nouveaux mots inutiles qui encombrent nos rues et vos gorges ingrates. Une guerre qui viendra accaparer les grandes parcelles de nos espoirs avec des mots qui ont de la mâchoire. Une guerre accompagnée de certitudes simples et dures comme des cris. Il y a encore de la grandeur à servir aux avant-gardes du monde qui commence au bord du siècle…
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Mon époque ne me ressemble pas
- Le 26/05/2018
- Dans Pneumatiques
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Mon époque ne me ressemble pas ! Je veux ne rien lui devoir, ne rien solliciter d’elle et parier contre ses goûts, ses fantasmes. Dans ce temps effrayant où règne, pascalien, le "silence éternel des espaces infinis", l’homme véritable n’a plus sa place.
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L'aventure n'a rien à voir avec la jeunesse
- Le 21/04/2018
- Dans Pneumatiques
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L'aventure sourit rarement au jeune âge, c'est son châtiment.
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J'attends les barbares.
- Le 24/03/2018
- Dans Pneumatiques
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Elégance & violence 2018
- Le 31/12/2017
- Dans Ligne de faille
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Entame d’un nouveau quart, dans la fraternité des ruines, à la recherche d’un certain espoir avec son quelque chose de buté et de grand soir. Avec nos meilleurs voeux 2018 !
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Absolutely polemic !
- Le 30/10/2017
- Dans Affiche
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Vivre à feux incandescent, faire sauter le couvercle !
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Opéra pour violon et trinitrotoluène
- Le 16/10/2017
- Dans Ligne de faille
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L'argent, la jeunesse, la vulgarité, le vert, le rouge, le brun ont échoués Que reste-t-il ? Se raser de frais pour un sacré baroud aux confins du monde civilisé. Entre deux guerres sanglantes, écouter Mascagni en se saoulant au Romanée-Conti. Prier la nuit tombée, au pied d'une chapelle abandonnée sur un causse battu par les vents. Boire encore sur le vieux zinc d’un pub de marins bretons aux poings lourds. Allumer des feux. Lancer en chœur des cocktails molotov sur le Panthéon pour faire chier les bourgeois bohêmes et desserrer les mailles qui nous condamnent. Passer la nuit blanche à la plume et au vieux rhum. Repartir dans le jour livrer un combat, encore.
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Acclamés ou damnés, qu’importe !
- Le 28/08/2017
- Dans Ligne de faille
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Acclamés ou damnés, qu’importe ! Nous entraînerons le monde dans les flammes, dans un grand éclat de rire.
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Où passer sa jeunesse, s’il n’y a plus de combat perdu ?
- Le 14/08/2017
- Dans Ligne de faille
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La révolution : elle n’existe pas, la garce. Et cette absence absolue d’illusion ne me satisfaisait pas, moi qui voulais m’arrêter au bord d’une époque profonde où me compromettre, m’abandonner ou bien me perdre.
NB : Ecrire une lettre de reniement à ma génération !
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Mais avant il y aura eu la vie !
- Le 02/07/2017
- Dans Joyeuse sédition selon Matthieu
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Il y avait en lui une capacité à s’exiler dans certaines régions valeureuses que plus personne n'osait explorer tant la crasse avait dévoré le monde. Il reprochait à ses contemporains d'avoir abandonné l'esprit de survie, de s’être départis de la peur animale de la disparition de l'humanité. Personne ne pouvait l'ignorer… et pourtant. Lui était prêt à se battre pour montrer qu'il n'avait pas abandonné sa croyance en l'homme.
Il avait pris ses distances avec toutes ces finasseries intellectuelles qui préconisent un retour de l'ascète ou du sauvage, du mystique ou du révolutionnaire ; tous ces préfabriqués de la bande de Möbius d’Assas et de la Sorbonne. Son tourment était si grand qu’il s’était éloigné de la douce poésie des causes perdues et des personnages grandiloquents qui terminent une balle dans la tête, et dont les épigones se battent pour défendre la nécropole de Saint Denis ou celle du Panthéon. Au début, c’est difficile de se contenter de l’essentiel quand on est tendu au romanesque. Les fantaisies sont bien défendues par tout cette clique de petits bourgeois qui terminent leur jeunesse avec du gras autour de la taille, un job de commercial et une cagole en-mini-décapotable comme compagne de lit. Ils crèvent de vanité à se trouver tristes, nostalgiques d’un monde où les bordels avaient pignon sur des rues que l’on pouvait dépaver pour constituer des barricades bancales, que la moindre volonté démonterait en une rafale ajustée. Ils pensent que le progrès en marche viendra tout bousculer. Mais tous s’inclinent et se figent dans le bonheur facile d’un soda frais pris sur une serviette de plage. Oh, leur sale gueule de capitulation. Des macchabés ! Matthieu n'avait jamais eu l'obsession de la mort. Mourir à vingt, trente ou cinquante ans n'avait aucune importance. Foutaise de littérateur ! C'était vivre qui était important. La violence en revanche, il lui trouvait tout le charme du printemps. Avec ses montées de sève, ses explosions de couleur, cette flamboyance électrique du ciel reflétant tout ce soleil de feu chargé de faire revivre la nature. Alors la guerre ne lui faisait pas peur.
Le discours rationnel, orthonormé, économique, mettant en avant ces courbes fléchissantes qui vantent le point de rupture entre vieilles valeurs et forces du progrès, ne trouvait en lui aucun écho. Le bonheur sous cellophane lui était étranger… Il se foutait du réconfort du bonheur vulnérable, soumis et confortable. Matthieu croyait en la joie ! La vie est joyeuse, c'est son credo. Il y croyait et trouvait là quelque chose d'essentiel et de fort, comme un alcool pur sortant de l'alambic familial. Pour lui, cette joie était aristocratique. C’est complexe la joie, d’abord parce qu’il y en a de différents types. Celle de Matthieu était la joie sombre. Tout le monde n'est pas capable de comprendre un message complexe. Ce qu’il faut retenir, c’est que Matthieu avait toujours été un individualiste tenté par les aventures collectives. Dans l'urgence de la révolte, il était prêt à offrir la joie à tous. C’était un risque à courir... Dieu reconnaitrait les siens.
- Tu fais une connerie, lui répétait ses proches
- Ca ne fait rien, et si on doit tous y rester, et bien... vive la joie cria-t-il ! Ça se finit toujours par la mort, mais avant il y aura eu la vie !
Il savait qu’il ne serait pas celui qui annoncerait l’avènement de cette joie pour l’édification d’une nouvelle civilisation. Il n’avait pas la gueule de l’emploi. Ses traits anguleux et froids, son sourire au troisième degré, le prédestinaient plus à être le précurseur de la révolte, le conquistador envoyé dans le monde des ignorants pour les civiliser ; bien plus que le charismatique prédicateur de la joie. Lui serait plus le sabre que le goupillon. Après viendraient les bâtisseurs. Ca tombait plutôt bien, il avait fréquenté la guerre moderne, ses excès de colère et de débauche. Spécialiste de la manipulation opérationnele d'armes légères, il démontait le Glock sans y penser, se levait la nuit pour faire un chrono démontage-remontage d’un HK ou d’une Kalach. En tactique, il avait une perception juste de son efficacité après un apprentissage sur une base vicariante rapidement confrontée à l’expérience terrain. Il s‘était frotté aux voyous que la république s’offrait : la Légion étrangère parachutiste. Sa botte secrète était le jeu. Comme tous les prédateurs, il s’amusait avec ses proies avant le grand buffet sanglant. Ses amis l’appelaient « Matthieu le rouge », ce qui avait porté bien souvent ses ennemis à se tromper. Le rouge était pour le sang, et non pas pour quelques petites convictions. Matthieu était responsable de la cellule « opérations »... Comme si à un fauve, en plus de sa détente et de ses crocs, on avait donné un permis de chasse
La conquête moderne n'est pas celle des institutions, mais celle de ses centres stratégiques. Elle n'est pas forcément l'œuvre du peuple ou de l'armée mais peut-être plus efficacement celle d'un petit nombre de techniciens armés, motivés, bien entrainés et capables de faire fonctionner ces centres techniques : électricité, eau, communications, médias, gares ou aéroport. Se maintenir au pouvoir nécessite l'appui d'un parti, le conquérir pas. Mattieu savait tout cela ! Il était celui chargé de créer le léger déséquilibre de l’édifice, pour permettre aux cellules « techniques », déjà en place, de faire basculer lentement, par vacillations à amplitudes de plus en plus grandes, le bloc institutionnel... qui finit par tomber dans l’éclatement nauséabond d’un fruit trop mûr.
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Le muscle ou le gras
- Le 21/05/2017
- Dans Ligne de faille
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Le politique a toujours eu un problème avec le muscle, lui préférant les corps gras dans une société d'obèses.
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"Homme augmenté" dans une société post-humaine
- Le 16/05/2017
- Dans Coupure de presse
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"L’Homme augmenté" (expression genrée et majusculée pour em...... les performistes de la novlangue), sur lequel se cristallisent fascination idéologique et recherche scientifique, est cette aspiration à dépasser notre fatalisme biologique, en vue de la création d'une espèce, mieux contrôlée, plus performante... post-humaine. On parle avec légèreté de cerveau-machine, de prothèse intelligente, de molécule dopante, de nanotechnologie, de biotechnologie ou d’informatique et sciences cognitives. Et dans cette collection "Frankenstein prêt-à-porter", l’imagerie cérébrale est le monstre qui terrassera le savant fou. Ce que big-brother fait avec votre ordinateur, l’imagerie cérébrale le fera, à votre détriment, à votre cerveau dont on analysera les inquiétudes, les failles, les peurs, les certitudes. Dans ce grand espace libéral qu’est devenue la planète, les banquiers, les assureurs, les employeurs, les voyagistes, les péripatéticiennes voudront avoir un scan de votre cortex avant de signer un contrat ou d’entamer une partie de jambes-en-l’air. Le gouvernement progressiste s’empressera d’apposer, sur cette expérience d’avant-garde, une motion éthique-discriminante-positive-réelle, à laquelle il restera possible d’adjoindre une molécule régulatrice et une loi, pour les réactionnaires, leur interdisant d’entraver les progrès de la recherche… Les idéologistes « des forces du progrès », que l’on nommera les Peillon-Belkacem par souci de clarté, offriront une mise en perspective d’application au contexte républicain et goûteront le plaisir de pouvoir enfin, dès le plus jeune âge, « arracher l’enfant à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel» par le biais de savantes manipulation qu’ils envisagent déjà de porter aux embryons « pré-fabriqués » en PMA ou GPA. Si ces manipulations ne représentent pas un moyen direct d’augmenter l’individu, elles pourraient être envisagées comme un outil permettant d’augmenter la performance globale du groupe en ne choisissant que des sujets dociles aux nouvelles idées, doués de qualités d’asservissement physique et mental supérieures à la moyenne.
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Dans le grand jardin
- Le 07/05/2017
- Dans Ligne de faille
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Dans l’antichambre de la vie, le savoir tient salon avec la sagesse et la tolérance dans une longue conversation ennuyeuse. Dans le grand jardin, la passion s’enivre avec l’amitié, le courage et la joie, dans des enfantillages tellement plus amusants.
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Scoop
- Le 26/04/2017
- Dans Ligne de faille
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De la frénésie du monde jaillit l’actualité. De ce grouillement fécond de pleurs et d’exultation les commis de l’information ne savent qu’en extraire une rumeur hideuse. Au siècle vingt le journalisme s’est éteint !
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Consigne de vote
- Le 23/04/2017
- Dans Coupure de presse
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Je suis l'ennemi de la fortune anonyme des urnes et des slogans de promotion pour clientèle vagabonde : tout cela manque de panache et de sincérité.
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Il a froid, de très loin et depuis très longtemps
- Le 16/04/2017
- Dans Pneumatiques
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Il a froid, de très loin et depuis très longtemps, peut-être depuis toujours ; il ne s’en souvenait plus. Un froid sans raison, étranger à sa volonté, traversant chaque saison détraquée, diffusant une chaleur raréfiée, grise. Et il sentait que ce froid n’attendait qu’un mouvement brusque pour le disloquer. Tout ça l’obligeait à mesurer chacun de ces gestes, chacun de ces sentiments, à la juste mesure du strictement nécessaire… pas plus, jamais plus… en avançant d’une nuit jusqu’à la nuit d’après, en se vidant de tout ce qui pouvait geler, jusqu’à la dernière goutte : sentiment, sang, réflexion, muscles. Je lui tends un peu de chaleur et c’est toute une peur qui s’empare de lui. Pathétique homme contemporain.
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Détestons !
- Le 08/04/2017
- Dans Ligne de faille
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Détestons puisque c'est la mode semble-t-il. Il ne sera pas dit que je ne fais aucun effort pour être de mon siècle !
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Rendez-vous place des martyrs !
- Le 24/02/2017
- Dans Ligne de faille
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Ce qu’il faut, c’est un mort ! un beau mort avec un millier de vers grouillants. On sous-estime toujours la propension du peuple à se bouger pour un beau mort, un martyr ; à réinventer un monde avec des saints à venger dans le sang, avec des héros à clamer dans la guerre.
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De bruit et de fureur
- Le 12/02/2017
- Dans Pneumatiques
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Le passé :
- Et après ?
Le présent :
- Plus rien. L’avènement des sauvages.
Le futur :
- Alors, il faut retarder la mort par le bruit et la fureur !
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Avec nos meilleurs vœux...
- Le 31/12/2016
- Dans Coupure de presse
- 2 commentaires
C’est arrivé comme un changement d’année, au douzième coup de minuit, à l’heure pétante, zéro zéro comme disent les militaires. Et tout d’un coup nous étions en guerre. Et cette guerre n'avait pas débutée que les journalistes faisaient déjà l’autopsie de la défaite, en direct, et préparaient le défilé des visages abattus des hommes politiques. Ainsi s’arrêta 2016. Mais la guerre est une science occulte... Avec nos meilleurs vœux 2017.
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Car l'heure de leur absolu, de leurs grands cris de rage, a sonné
- Le 04/11/2016
- Dans Joyeuse sédition selon Matthieu
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Il grimpa dans son land-rover 90TD blanc débâché, posa la M40 sur la plage avant, juste à côté de l’icône et prit la route. Quelques heures plus tard, il dévala le chemin vers la mer, dans la poussière d’été de son enfance. La musique de The Decline! fut interrompue par le crépitement du Motorola. Dans une langue codée de moments tactiques et de munitions, un homme parla d’embuscade et de coup de main. Il avança sur le petit chemin qui mène au cœur de la garrigue. Descendu du 4X4, il retourna aux abords de la route. Il se posta.
Dans le village, on l’appelait Monsieur Claude. Un nom de tenancier de bordel. C’était un sanguin, rouge sang de bœuf, un homme gras aux allures de dandy affaissé, la gorge tapissée par les alcools forts, qui organisait des « fêtes » avec des filles, à deux pas de La Jonquera, de l’autre côté de la frontière Espagnole. Sa femme, née à Malaga d’une mère ashkénaze venant de Hongrie, et d’un père Ethiopien, se promenait toujours avec un flacon d’eau de Cologne pour désinfecter les bidets. Monsieur Claude, lui, préférait le whisky, et le sang neuf des jeunes filles. « Ca fabrique des cirrhoses parfumées », disait-il. Jamais monsieur Claude n’aurait pu vivre dans le dénuement. Né dans un hôtel-restaurant sur la frontière espagnole, d’une mère prostituée et d’un père fantasque, il avait fait ses études dans la rue avant de devenir maquereau, puis big boss de la traite de jeunes garçons vers le Moyen Orient. Il jouit désormais du luxe absolu : un hôtel particulier de 600 m2, avec patio et terrasses, situé au pied du Mont Canigou, à l'Ille sur Têt ; et une grande maison d’allure familiale sur la Côte d’Azur, entourée de rosiers, de servantes et de dorures. Les hommes politiques viennent se prosterner devant ses millions et profitent des miettes de jeunes éphèbes que monsieur Claude glisse dans leur lit après les journées de chasse qu’il organise à leur profit.
Assis sur ses talons depuis 15 minutes, il regardait sa montre G-SHOCK, il était bientôt midi. Dans l’odeur épicée du maquis, le bruit du grésillement d'une cigarette lui manquait. Il regardait la route qui montait en lacet vers sa position. Monsieur Claude y passait chaque mercredi, en fin de matinée, pour se rendre dans la vieille chapelle d’Hermitage où il croyait que Dieu l’entendait et surtout lui pardonnait tout, après ses quelques minutes de génuflexions théâtrales. C’était son chemin de croix, fait au volant d’une Jaguar, agrémenté de quinze arrêts qu’il faisait en chemin pour : « relever les compteurs jusqu’à ma résurrection financière » aimait-il plaisanter. Monsieur Claude avait le blasphème facile comme tous les truands sanctifiés bourgeois. Il riait alors, comme il l’avait travaillé devant la glace, toutes dents dehors, avec la lèvre retroussée sur la gencive supérieure.
Ce n’était pas Monsieur Claude que Matthieu détestait, c’était l’idée moderne qu’il représentait. Et à l’heure qui devait marquer le grand retour des héros granitiques et des belles de jadis, il avait choisi d’envoyer symboliquement du 7.62 dans le buste du confort moderne représenté par Monsieur Claude.
La Jaguar XF Pure arriva en contrebas, Monsieur Claude tapota sur la boiserie du tableau de bord en écoutant Live Your Life de Rihanna … Il arma son M40 A3… distance 850 mètres… tira une seule munition. I'm the opposite of moderate cria la chanteuse … timing parfait ! L’écho compta trois répétitions avant que la voiture ne pénètre dans un roncier pour y disparaitre. Matthieu resta sur place jusqu’à ce que le bruit de fond de la nature vienne exorciser le silence.
Ils étaient ainsi une centaine, approchés pour leur absolu, leurs grands cris de rage, le feu grandiose qu'ils allumaient partout, et leur apparence de prophète. Les passions politiques sont des rumeurs, alors ils avaient choisi d’agir… sans expliquer. Ils avaient choisi la grande saignée cosmique à la Roger Gilbert-Lecomte. L’heure a sonné. Une cible par personne, c’est le premier pas : politiques, maquereaux, banquiers, communautaristes, journalistes, pédérastes, clandés, militants, avocats, juges… ils commençaient par le plus sale.