L'été qui s'annonce sera sale, écoeurant, surpeuplé et un peu sanguinaire aussi. On trouvera de tout sur les plages. En rang d'oignons, on y observera de longues jeunes filles alanguies, encore diaphanes, cherchant le soleil comme les tournesols : dernier éclat des congés payés que l'on finira par regretter, comme on regrette les si belles cabines de plage de Grandville. On découvrira encore des mammifères marins échoués, le ventre plein de sacs plastiques vantant des produits frais et bio... des nappes de pétrole en Bretagne et, cette année... des boulettes de sang chrétien coagulé sur la Riviera.
Car au début de cet été précoce, les vents chauds nous apporteront de nouveau l'écho des cris des égorgés coptes qui sonnent la marche des trompettes d'Aïda pour l'arrivée triomphale des clandestins-migrants sur nos serviettes de bain. Anciens tyrans en fuite et nouveaux sanguinaires libérés arborant des tisheurts de Mickey comme autant de drapeaux blancs. Tous sous la même bannière finalement, les voilà vomis par des vieux pétroliers voués à la déconstruction dans les chantiers de la banlieue occidentale avant d'être recyclés pour un dernier voyage, jusqu'aux premiers sables aux senteurs de monoï, où ils brûleront comme les vaisseaux d'Agathocle de Syracuse : plus de recul, la victoire ou la mort. Les voilà, chevaux de Troie posés dans cette Europa assiégée en vain depuis des décennies et enfin à portée de main armée. Cassandre se fait bronzer sur les plages de la mer Caspienne, Laocoon est porté disparu lors d'une mission humanitaire à Lampedusa. Plus personne ne viendra prédire nos malheurs futurs.
La fausse misère devient une vraie panoplie. Les vendeurs de glaces vanillées seront remplacés par les officines d'aide, tenues par de crasseux athées de profession et de confession. L'acédie, ce mal être, cette négligence si doucement vaniteuse qu'affichent nos contemporains bronzés, fera le même accueil à ces migrants qu'autrefois à l'arrivée d'un nouveau parfum de glace exotique. Les salauds... L'infusion de thé de 17h00 n'aura bientôt plus le même goût sur la terrasse de l'Hôtel du Cap Eden Roc, la bière du PMU du coin sera interdite pour raison d'harmonie confessionnelle et pour éviter les rixes nocturnes.
La pénitence malheureusement sera plus lourde.