Ne pas oublier de haïr

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Ne pas oublier de haïr immédiatement, définitivement, les aménageurs de territoire, ces idolâtres du goudron des voies stratégiques menant leurs percées inquisitrices jusque dans le plus profond de nos forêts, défrichant nos barricades de haies, abattant nos tours soudées dans le cœur des chênes séculaires et corrompant la source pure de nos rivières révoltées. Haïr ces fétichistes du béton, anéantissant les derniers retranchements de vie valeureuse, colonnes infernales vomissant ses soudards urbains, idéologues méprisables imposant leur lumière noire de décadence, leur mécanique glacée. Adossé à la mer, trouvant là l’ultime alliée hurlante et violente, guidé par le lierre vivace, nous reprendrons le chemin mythique de la sacralisation de nos terres, nous relèverons les pierres et les croix, nous traverseront la lande au pas pressé des galops, nous recouvrerons les môles d’humus fertile, nous rouvrirons nos chemins aux processions à coups d’estocs et de tailles, nous libérerons le cours des eaux qui minéraliseront à leur tour ce béton obscène. Race de granit et d’écorce, de mer et de ciel, nous poserons alors nos ronces en barbelés, nos bois en barricades, nos blocs de granit en citadelles. Le poète, le soldat, le prophète et le philosophe seront nos guetteurs tout au long de cette enceinte sacrée, éclairée de nos valeurs retrouvées. Autour, la mer, silencieuse, apaisée se tiendra à l’affût.

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