Une fraternité, insensible aux mauvais courants du monde
- Le 14/10/2014
- Dans Pneumatiques
- 5 commentaires
J’ai toujours rêvé de l’existence d’une société secrète, qui se rencontrerait dans des lieux sombres parfumés d’effluves mêlant l’opium, l’encens et le soufre ; un clan, un peu obscur, qui serait le repaire de chevaliers venus d’un autre siècle, échoués sur les rivages pollués du monde moderne ; une fraternité, insensible aux mauvais courants du monde, fondée sur la quête de la Justice, de la Beauté et de l’Ordre juste ; bref j’ai toujours rêvé de l’existence d’une famille, amante de la pénombre, dont les membres brûleraient ensemble du même feu qui les habite.
Ethique Amitié Idéal Esthétique Elégance Aventure Dieu Jeunesse Terra Ignota Attitude Société
Commentaires
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- 1. Cikala Le 04/10/2015
La laideur se banalise. Merci de faire défiler le beau. -
- 2. P. Le 31/10/2014
(à part ça, votre site est tenu avec style.)-
- louis--marieLe 12/11/2014
Merci.
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- 3. P. Le 31/10/2014
Il est difficile de ne pas sourire – car j’acquiesce et suis de connivence. Nous sommes un nombre certain à formuler de tels rêves, travaillés au corps par cet esprit de caste qui traverse les époques, cette vieille chevalerie qui transite dans notre ombre individuelle (pourquoi moi ? pourquoi vous ? pourquoi certains et pas d’autres ?) comme pour préserver le sceau d’une noblesse perdue malgré la pourriture du monde, nous sommes une poignée à sentir en nous un sens de l’honneur pourtant rendu à la désuétude ; nous avons une flamme sacrée qui nous destine à révérer la beauté & l’ordre de l’univers là où l’imbécile, le vaniteux & le couard ne voient rien d’autre qu’une friche pour leurs idées de progrès, leurs projets de bonheur et de sécurité, leurs désirs de faire de l’argent, et de rendre toutes choses utiles à leur petitesse.
Mais je souris aussi car je me dis qu’une société de la sorte ne peut exister (le jugement d’Evola n’a rien de définitif, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’après ses Orientations il écrivit Chevaucher le tigre). Nous sommes dispersés de par le monde et l’esprit, nous aurions trop de divergences et trop peu d’aptitude à vivre en société, et le rejet de la masse qui nous environne et nous asphyxie serait bien trop vite le seul point commun capable de nous réunir. Le refus de l’étiquette et la volonté de cheminer chacun de son côté, auraient tôt fait d’achever les derniers liens. L’aristocratie comme classe sociale est l’installation progressive d’une élite dans la fange du confort matériel et des acquis sur lesquels on s’endort. Je ne suis pas sûr qu’il faille la désirer. Mais parlons alors de l’aristocratie spirituelle : n’est-elle pas un paradoxe en soi, une sorte de constellation, un ensemble d’astres qu’on voit reliés dans le lointain mais dont la course est pourtant solitaire ? Le monde se désagrège, nous sommes seuls et tentons de garder des parcelles de grandeur en nous, avant l’inversion achevée de tout, avant la destruction totale. Une société secrète comme vous la décrivez est faite, a été faite, pour l’ancien monde. Je pense qu’il faut qu’un grand feu, et de précis séismes, passent sur la modernité et en suppriment tous les socles – y compris ceux qui nous parasitent jusque dans nos cervelles, à nous, aristocrates sans fief. Nous y perdrons bien des splendeurs, mais les temples seront écroulés, les idoles jetées à terre, et des hordes de pauvres gens chercheront des havres et des chefs (bien entendu, s’il n’y a pas d’alternative aux chefs barbares & brutes épaisses qui émergeront alors immanquablement, les petites gens choisiront cette nouvelle servitude). Peut-être alors l’aristocratie spirituelle trouvera-t-elle de quoi s’incarner, peut-être alors, si elle se trouve portée par des hommes forts et aguerris, suffisamment civilisés pour ne pas verser dans la barbarie qui règnera, suffisamment sauvages pour ne pas connaître la mollesse du clerc qui se croient à l’abri derrière les remparts de sa cité, peut-être alors l’aristocratie spirituelle débouchera-t-elle sur d’authentiques confréries ayant la charge de bâtir un ordre nouveau, de mener les hommes vers un noble destin.-
- louis--marieLe 12/11/2014
On peut ne voir dans la fraternité des ruines que les vœux non exhaussés, les espoirs reniés ou le déchirement... on peut ne voir que les ruines... désillusion, aigreur et nostalgie. Nous faisons plutôt appel aux sentiments capitaux, ceux de la camaraderie, de l'esprit de fidélité, de fierté, d'absolu... des mots devenus trop lourds pour notre époque si futile... des mots devenus indigestes aujourd'hui. Mais qu'importe, ils sont étendard, phare et mot de passe pour nous reconnaître, pour transmettre à nos fils, pour montrer un exemple à suivre... mener les hommes vers un noble destin ... il nous faut brûler la nuit !
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