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Pour la foi, le tsar et la patrie
- Le 08/01/2013
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Never blink !
- Le 03/01/2013
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Une forme particulière d’un duel noble – la mensur – était répandue en Allemagne au XVIè siècle parmi les jeunes, surtout dans le milieu des étudiants. (Mensurfechten – c’est l’escrime dans un espace limité). Les duellistes mettaient des lunettes avec une grille métallique sur le visage. La poitrine et le cou étaient protégés par un plastron en cuir et une écharpe épaisse. Les armes étaient des "schlagers" - l’archétype du sabre - avec les bouts bien aiguisés dans les mains. Les adversaires se mettaient face à face et portaient à tour de rôle les coups en visant la seule partie du corps qui n’était pas protégée – le visage de l’adversaire. A l’occasion d’un moment de fatigue ou de faiblesse de l’attention, un des combattants perçait la défense de son vis-à-vis, sur le visage duquel apparaissait une blessure par incision. Par la suite une cicatrice restait à cet endroit. Il est bien connu que les cicatrices rendent un homme plus beau.
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Aimez-moi bien ma bonne mère
- Le 02/01/2013
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Société des Altérés
- Le 01/01/2013
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Symbole du Hussard poussant à l'extrême - et le plus naturellement du monde - d'extraordinaires qualités de courage et d'audace, le général Lasalle offre l'image du Héros Antique qui regarde la mort non comme une fin mais comme un accomplissement : « un houzard qui n'est pas mort à trente ans est un Jean-Foutre ».
Il créa la Société des Altérés où il était interdit de dire que l’on n’avait plus soif, voua un culte aux alcools forts, aux attaques brutales, aux coups de sabre téméraires.
Son épitaphe, il l’a écrite de son vivant à sa femme : "Mon cœur est à toi, mon sang à l’Empereur, ma vie à l’Honneur."
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Avec mes meilleurs voeux
- Le 28/12/2012
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L'orgueil de sa jeunesse
- Le 28/12/2012
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La jeunesse, la fierté, l'héroïsme, la solitude, l'orgueil, l'insolence, voici des défauts qui se portent les cheveux au vent, droit, face aux dangers.
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Ne pas se renier !
- Le 26/12/2012
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A se renier, à vouloir coûte que coûte s’inventer une morale qui ne serait pas sacrée, qui ne viendrait pas s’appuyer sur des valeurs spontanées, naturelles, la société occidentale se retrouve affaiblie face à deux monstres : le fondamentalisme et l’extrémisme communautaire. Une peste verdâtre et une peste arc-en-ciel, nouveaux concepts totalitaires et génocidaires s’accordant sur la lapidation sauvage de nos mères, de nos épouses et de nos filles, garantes de notre éternité. C’est du violent contraste, entre la grandeur idéale de la vie et le resserrement de son expression communautaire actuelle, que naît ma volonté d’agir. Hölderlin disait : là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve.
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On a les mythes qu'on mérite !
- Le 26/12/2012
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Санкт-Петербург
- Le 26/12/2012
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Saint-Pétersbourg, c’est le mythe de la Nouvelle Atlantide enfouie sous les bourrasques du vingtième siècle.
Solomon Volkov
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Au delà des slogans
- Le 17/12/2012
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La pêché est soluble dans la psychanalyse !
- Le 14/12/2012
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Pour ses yeux mauves
- Le 03/12/2012
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Fragment baroque
- Le 03/12/2012
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Actuellement, je promène une hypothèse d’aventure qui viendrait affirmer mon caractère impétueux et ma canne épée. Je veux un destin inexorable, caressé de drapeaux noirs, annoncé dans la fureur des canons et porté par une aimable conjuration baroque et aristocratique. Plus tard, j’écrirai tout cela avec un style qui sort des limites rhétoriques et qui s’affranchit de la prétention des genres. Ainsi l’énoncé oraculaire, l’action foudroyante, la bravade divinatoire deviendront posture. Je crois dès aujourd’hui qu’il y a quelque chose de messianique dans toute vision fragmentaire.
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Business and personal
- Le 03/12/2012
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Business or personal
- Le 03/12/2012
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Troublante coïncidence
- Le 30/11/2012
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Plaisir de rentier
- Le 30/11/2012
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Subversion...
- Le 30/11/2012
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A contre-courant
- Le 25/11/2012
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Le grondant de la rue charrie son flot de grimaces satisfaites, de corps de citadins hâtifs qui se heurtent, à la dérive, tournant sur eux-mêmes, se noyant dans leurs jouissances, atomes inutiles, petits individus bornés à leur seule suffisance, morceaux d’humanité désagrégé. Je suis à contre courant de cette débâcle.
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La femme sacrifiée
- Le 25/11/2012
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Je refuse le sacrifice de la femme aux pulsions destructrices de notre société. Il doit être en notre pouvoir de rétablir dans notre nature la totalité que l’artifice de la modernité a détruite, de la restaurer avec férocité si nécessaire. Je veux redonner figure humaine à notre civilisation, la rendre complète en réhabilitant la femme dans sa beauté, dans sa plénitude. Je veux la beauté comme force de résistance face à la bestialité des fondamentalismes et communautarismes. Loin des slogans et des cohues l’esthétique s’offre comme dimension éthique possible.
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Dont Shut 'Em Down
- Le 19/11/2012
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Le nom du groupe, "Flogging Molly", est né de la contraction du nom du pub où le groupe jouait chaque lundi, le « Molly Malone's », et de l'expression anglaise «flogging a dead horse» - littéralement : fouetter un cheval mort (autrement dit, faire de vains efforts pour accomplir quelque chose d'irréalisable). Une musique aux sonorités celtiques traditionnelles, mais également bien ancrées punk et folk. Dave King écrit ses chansons sur une vieille machine à écrire de 1916, année de l’insurrection de Pâques en Irlande. Le groupe célèbre Barbe noire dans Queen Anne's Revenge : des fils de forbans qui suivent le violon sur des airs endiablés.
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Etait-ce à cause de Barbara ?
- Le 19/11/2012
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L'empreinte d'Homère.
- Le 18/11/2012
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Envie d’être un enfant de l’histoire, de croire que même si les combats d’aujourd’hui sont servis par la technologie au lieu de l’être par le guerrier pur, l’empreinte d’Homère y reste toujours présente. Le goût des armes, des déluges de feux, de l’irruption, le besoin de s’ordonner, la force du sacrifice consentie, l’idée de confrérie ainsi que celle de sauver la veuve noire et l’opaline évanescente, arrogante de beauté, tout convie à être soldat.
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Open for more than 2000 years
- Le 18/11/2012
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Fais maigrir ton bourgeois
- Le 12/11/2012
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Ecrivain, Boxeur… voilà tout Cravan en deux mots
- Le 11/11/2012
- Dans Bibliothèque de combat
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Ecrivain, Boxeur… voilà tout Cravan en deux mots. A cela on peut ajouter : le poète aux cheveux les plus courts du monde, mauvais garçon, et une série d’adjectifs qu’il se sert lui-même avec beaucoup de générosité : « mondain, chimiste, putain, ivrogne, musicien, ouvrier, peintre, acrobate, acteur ; vieillard, enfant, escroc, voyou, ange et noceur ; millionnaire, bourgeois, cactus, girafe ou corbeau ; lâche, héros, nègre, singe, lion Juan, souteneur, lord, paysan, chasseur, industriel, faune et flore : je suis toutes les choses, tous les hommes et tous les animaux. » … c’est un peu long, mais à la fin il touche quand même !
On trouvait trace de ces mots, de ces fragments dans les cinq numéros de "Maintenant", revue littéraire, dont il fut le directeur et l'unique collaborateur entre avril 1912 et avril 1915. Ce n’est pas faute d’avoir sollicité de l’aide « Je tiens à informer vos lecteurs que je recevrai avec plaisir tout ce qu'ils trouveront bon de m'envoyer : pots de confiture, mandats, liqueurs, timbres-poste de tous les pays, etc., etc. ». Depuis février 2011, ces pneumatiques sont regroupés dans le livre « Maintenant »… tiens, l’insolence d’ « Immédiatement » a une lignée !
MAINTENANT
Revue littéraire
Pour 25 centimes SEULEMENT!
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de poésie, de SCANDALE
et
les 1000 âmes d'ARTHUR CRAVAN
Vente ambulante
Périodicité incertaine
Le présent numéro annule les précédents -
L'or et le sang
- Le 11/11/2012
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Nous retrouvons avec la publication du tome 3 de L'or et le sang aux éditions 12bis -le scénariste de l'excellente série Il était une fois en France et des illustrateurs au graphisme impeccable- la formidable épopée de deux hommes que tout sépare : Calixte de Prampéand, l'aristo fortuné, et Léon Matilo, le ruffian corse. La fraternité des tranchées les a réunis. L'amitié, l'aventure balaieront l'amertume du retour à la vie civile et le dégoût des planqués, et les conduiront dans le rif en révolte. Là-bas, à la manière des héros de Kipling et Schoenderffer, ils se tailleront un royaume. Un royaume de rocaille et de sable. Sous la bannière d'Abd El Krim, ils dirigent la guerilla contre les deux puissances colonisatrices, la France et l'Espagne. On croise dans ce dernier tome un officier du 2ème Bureau retors, des politiciens manipulateurs et sournois, un officier espagnol falot et pleutre, devenant El Caudillo pour l'Histoire. Une BD de qualité ancrée dans une période méconnue.
Pol Saint-Lazare
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Pour ma femme
- Le 07/11/2012
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Les jeux du cirque
- Le 04/11/2012
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Basic instinct
- Le 28/10/2012
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Code for victory : échec et mat.
- Le 28/10/2012
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Ubi sunt leones : Amenez la grand-voile !
- Le 28/10/2012
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Accepter des contraintes que l'on a choisies. C'est un privilège. La plupart des humains subissent.
Eric Tabarly
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Dieu est dans la rue
- Le 27/10/2012
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Règle de la maison : ne jamais ciller !
- Le 27/10/2012
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Acier ou Or
- Le 21/10/2012
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Dans l’approche insolente de certaines vérités, la vulgarité est parfois un raccourci nécessaire que les longs discours polis écartent par goût ou par lâcheté.
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L'ardente expérience du courage
- Le 16/10/2012
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Je me suis rendu compte qu’être humain, c’est en partie désirer ardemment faire l’expérience du courage, de l’abnégation de soi, de l’héroïsme, du dévouement et de la transcendance, ou peut-être même avoir besoin de cette expérience.
Richard Strozzi Heckler 1992
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Nietzsche est-il un charlatan ?
- Le 16/10/2012
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Code for victory : des solutions tranchées
- Le 14/10/2012
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Fauvisme cruel
- Le 06/10/2012
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Il est quelques cruautés ingénues que l’on pardonne plus facilement aux femmes aux grands yeux cernés de noir. Peut-être parce que ces visages fauves, que l’on croit surgis d’un tableau de Van Dongen, peints à grands coups de pinceau désinvoltes, portent dans leur édifiante beauté, l’expression même de la nostalgie.
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Je m'exfiltre de ce siècle vain !
- Le 03/10/2012
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Je m'exfiltre de mon époque, je tourne le dos au troupeau, je quitte le rang et je fais définitivement le mur de ce siècle vain !
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Ersatz de révolte
- Le 02/10/2012
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L’indignation est un ersatz de révolte fait pour de jeunes précieux qui seraient les ‘ridicules’ de notre siècle.
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Jeunes filles en faux cils
- Le 01/10/2012
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Nous ne rêvons plus de belles jeunes filles en faux cils et foulard rouge !
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Histoire d'Ose !
- Le 27/09/2012
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Buzz le révolutionnaire
- Le 27/09/2012
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L’industrie hollywoodienne fonctionne sur le même principe que le cinéma du III° Reich ou les productions staliniennes : séduction, identification, mobilisation. L’art de masse est source de totalitarisme !
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Ubi sunt leones : I don't want to die without a scar !
- Le 25/09/2012
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Vivre avec grandeur, honneur et beauté
- Le 22/09/2012
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Jean-René Huguenin n’est déjà plus l’enfant de l’exode estival des congés payés, bien que né à Paris le 1er mars 1936. Il est des grandes vacances de juin 1940, ce flux énorme de dix millions de belges, hollandais, luxembourgeois et français souhaitant jeter leurs baluchons sur les plages alanguies de la Riviera. « L’exode au début me plut. J’avais quatre ans, c’était mon premier pique-nique ». La grossièreté de cette guerre faite par des « écoliers punis » lui laisse quelques blessures mal soignées : l’humiliation, la souffrance … et cette fichue sirène, tous les premiers jeudis du mois, comme un rappel du vaccin de la peur !
« Nous risquions de mourir, bêtement, non pour nous défendre ou sauver notre honneur, mais simplement parce que nous nous trouvions là, sur le chemin qui allait du couteau à la plaie »
Cinq ans plus loin, au moment du reflux, quand résonnent les derniers claquements de balles, Jean-René observe avec dédain « qu’il n’y avait pas assez de lèvres pour les chansons ni de balcons pour les drapeaux. Le même peuple fêtait sa victoire. Après la terreur collective je découvrais le mensonge collectif ». Sa génération est née de ce désordre qui l’amènera à toutes les névroses d’après guerre : la liberté sexuelle, l’alcool, les produits stupéfiants, l’existentialisme et tous les abandons, les derniers pans d’une civilisation en ruines qui s’effondrent sous son propre poids d’inutilité.
Après cette longue promenade, plus rien ne vint agacer la quiétude de la riche famille bourgeoise installée à proximité de l’église d’Auteuil. Les étés, elle migre plein Ouest, face à Ouessant. Là, Jean-René, bercé par les récitals de sa mère, ancienne chanteuse de l’Opéra comique, goûte aux délices de la douce protection de sa grande sœur, Jacqueline. Le temps aussi de se confronter au déferlement de l’océan sur la Pointe Saint-Mathieu, jeu qu’il poursuivra plus tard, adolescent, avec Jean-Edern Hallier lors de « tauromachies océaniques ». Son père, René Huguenin, les rejoint plus tard, dans les derniers jours déjà raccourcis des vacances bretonnes. Les jours longs de juin et juillet étant dédiés au travail. Il avait rapporté de la première guerre mondiale, en plus d’une croix de guerre avec deux citations, une vocation pour l'anatomie pathologique qui l’amena à prendre la direction de l'Institut Gustave-Roussy (de 1947 à 1955). C’est un homme cultivé, avec l’aimable vice d’aimer les lettres. Il avait le goût des écharpes blanches, qu’il portait comme un dandy portait ses gilets écarlates.
Jean-René suit une partie de sa scolarité, celle qui marque parce que celle de l’adolescence, au lycée Claude-Bernard à Paris où Julien Gracq est un de ses professeurs d’histoire géographie à compter de la troisième. Ce professeur Jekyll and écrivain Hyde n’en gardera qu’un souvenir ému, vague et nostalgique au regard de sa propre jeunesse effacée. JRH est déjà ami avec Renaud Matignon quand il rencontre Jean-Edern Hallier pour la première fois à treize ans. Ce sera le terrible frère janusien, la part d’épine qu’on trouve dans tout, capable des pires complots comme des plus belles générosités. En salle de cours, Jean-René n’est pas particulièrement bon élève ; mais c’est un adolescent doué, une âme sensible qui règne sur la cours de récréation comme un maréchal sur un champ de bataille : avec hauteur et recul. « Il avait quelque chose en lui qui rappelait obstinément le plein vent : ce mouvement de tête fougueux du cheval sans bride, cette voix un peu coupante qui défendait assez agressivement son quant à soi. Il paraissait plutôt de la race qui brûle ses cahiers et ne s’inscrit pas aux associations d’anciens élèves. » [Julien Gracq]. Certains le déclarent grand voyou, avec ce ton que prennent parfois les mères lorsqu’elles parlent de leur progéniture ou les amantes lorsqu’elles reprennent leur souffle après un baiser fougueux. Il a ce profil de rapace des condottières et des manières de bonne famille ; une posture qui agace. Le voilà promenant légèrement une aisance physique, une physionomie : grande bouche d’archange carnassier, front haut balayé d’une mèche blonde, long cou et regard vif. Jean-René est d’une beauté surnaturelle, scandaleuse, « de ces beautés indécentes à porter pour un homme » [Jean-Edern Hallier].
A 19 ans, à la mort de son père, il débute la rédaction de son journal où il dénonce la stérilité et la médiocrité de son époque ; il le tiendra jusqu’au 20 septembre 1962 avec l’exigence de sa jeunesse et application, car il se plaisait à en imaginer une publication future. Il abandonne des études de médecine - un choix fait à l’âge où l’on veut être pompier, vétérinaire ou faire comme papa - pour préparer simultanément, loin des circuits qui mènent traditionnellement à la littérature académique, une licence de philosophie et le diplôme de l'institut d'études politiques (obtenu en 1957). Doit-on parler de la préparation à l’ENA ? Probablement pas, car dès 1956 il s’engage véritablement comme cavalier léger dans la littérature. Il peint des portraits, rédige des articles pour la revue La Table ronde et signe une longue collaboration avec le journal Arts. Il a vingt ans.
Quatre ans plus tard Jean-René Huguenin publie La Côte Sauvage. Le roman reçoit un formidable succès, quelques écrivains battent le rappel pour ce jeune homme, ils s’appellent Aragon, Gracq, Jouhandeau ou Mauriac. Le titre du roman est glissé fébrilement dans les rouages de la grande loterie du prix Goncourt sans que le destin et l’idéologie dominante ne s’y arrête. Rares sont les écrivains qui atteignent la postérité sur la foi d’une seule œuvre - Fournier, Salinger, Radiguet. Immédiatement on fit l’arbre généalogique de La Côte sauvage pour rattacher le livre à une certaine tradition du roman désengagé dans lequel vibre l'extrême de la jeunesse : donc roman de droite. Dans un style grinçant qu’il veut insolent, Patrick Besson mord inutilement comme un chien de ferme attrape le cycliste qui passe : « La Côte sauvage est l’habituel premier roman sur les vacances, les parents, les sorties, les amours » ; pour n’en être jamais sorti on pourrait le croire sur parole. Plus adroitement Michel Georis écrivait, trente deux ans plus tôt, en 1967 : « Telle quelle, malgré sa brièveté, ses gaucheries, ses imperfections, ses scories et peut-être même à cause de cela, l’œuvre de Jean-René Huguenin me paraît à la fois considérable et estimable. ». Car il y a aussi ces pics de tension graves écrits avec des grands mots purs qui ordonnent une pensée plus vaste dont on aperçoit les points d’appuis (la morale, l’amour, la mort, le stoïcisme ou le romantisme) et qui laissent augurer de ce qu'aurait pu être l’œuvre d'Huguenin si le chronographe ne s’était pas arrêté : une éthique. Michel Georis disait encore : « Jean-René Huguenin me semble avoir posé sa candidature à l’emploi de maître à penser d’une certaine jeunesse que l’on peut appeler une autre jeunesse ». Huguenin se vend sous le manteau pour cent mille ans car ses valeurs sont éternelles. Un Besson se lit dans les halls de gare, par des banlieusardes, c’est sa punition.
« Mon roman sera avant tout le roman de l'amour de la vie. L'amour de la vie au milieu des pires désordres, des pires désastres, et même face à la mort. » - Jean-René Huguenin
«Anne, ai-je passé tant de nuits à te rêver, placé tant d'espoir à percer ton secret indéchiffrable, et poussé jusqu'à cette nuit tant de soupirs, subi tant de peines, pour découvrir que mon étrange amour n'était qu'une façon d'approcher la mort ?» - Jean-René Huguenin La Côte sauvage
Sa vie littéraire, Jean-René Huguenin la débute réellement à ce moment. La certitude de sa signature apparait plus fréquemment dans les journaux et périodiques. Le Uhlan passe au galop de charge : Le Figaro littéraire, fidèlement à Arts, Les Nouvelles littéraires, Les Lettres françaises, Réalités. L’homme s’épaissit, la plume ne se prend plus les pieds dans les raccourcis, l’éthique s’affirme. Il entreprend la préparation d'un second roman tout en lançant de nouveaux projets offensifs.
Au printemps de l'année 1960, Nietzsche, le philosophe décrié, s'inscrit au fronton de la nouvelle revue publiée par les éditions du Seuil, «Tel quel», qui revendique une double filiation en se faisant accompagner de l'auteur de Monsieur Teste : Paul Valéry. Ces références prestigieuses claquent comme un étendard et manifestent le projet : s’opposer aux Temps modernes, développer une littérature, les arts et subvertir la dictature intellectuelle. Elle se réclame au départ d’une forme de romantisme et prône un "retour à la littérature". C’est un combat contre le style scientifique d’idéologues à prétentions savantes, d’universitaires aigris et de vieux beaux.
«Je veux le monde et le veux tel quel ..» - Nietzsche
«Vouloir le monde, et le vouloir à chaque instant, suppose une volonté de s'ajouter à la réalité en la ressaisissant et, plus qu 'en la contestant, en la représentant. Alors l'œuvre pourra vraiment devenir, selon les mots de Valéry, «un édifice enchanté?"
Le premier numéro paraît le 26 mars 1960. L’évènement est salué par un cocktail donné au bar du Port-Royal par le triumvirat fondateur, premier comité de rédaction : Jean-René Huguenin, Jean-Edern Hallier et Renaud Matignon, auquel est venu rapidement s’agripper Philippe Joyaux, dit Sollers, la petite bernique qui fera couler le bateau. Dans son projet d’origine la revue est dédiée à la littérature, à l'écriture, à la linguistique ou encore à la poésie, et a vocation à mettre en avant des auteurs méconnus ou controversés. Le premier numéro présente des textes de Francis Ponge, de Philippe Sollers, de Jean-Edern Hallier, mais aussi une traduction de Virginia Woolf, des notes de lecture et une enquête : "Pensez-vous avoir un don d'écrivain ? ». Quelques mois plus tard, Huguenin quitte « Tel Quel » : « il n’avait pas le cœur assez sec pour suivre Sollers » dans ses délires politiques ou scientifiques Il était trop attaché aux mots et à leurs sens pour venir à leur préférer, au bout du compte, des systèmes et des idées peu aptes à satisfaire à ses exigences passionnées, trop respectueux de la littérature, aussi, qu’il plaçait au-dessus de tout. Cette expérience l’affirme : comme intellectuel il choisit le prophétisme contre l’expertise.
Il rejoint, en novembre 1961, le Service cinématographique de l’armée de l’air pour y effectuer son service militaire. C’est lors d’une permission, le 22 septembre 1962, dans une déchirante fin d’après-midi d’automne, se rendant à Rambouillet, pour y retrouver son ombrageux ami Jean-Edern Hallier, que Jean-René Huguenin se tua dans un excès de vitesse à force de dire qu’ « il faut toujours aller trop vite ». Foudroyé dans la ferraille tordue de son automobile de légende, une Mercedes 190 SL de 1955 qu’il appelait « Clara ». « Mort a vingt-six ans, à 160 à heure », titraient les journaux. « Il était une comète, fulgurante dans le paysage littéraire » reprennent les chœurs. C’était l’époque où les romanciers aimaient bien faire la course à la mort dans des automobiles de luxe. En filigrane, le visage de Marianne, la fiancée dont il venait annoncer la prochaine venue, disparut dans les fumées de la carcasse grise. Des débris de son automobile, on sauva les feuillets de son journal dont les dernières pages datent du 20 septembre : « Ne plus hésiter, ne plus reculer devant rien. Aller jusqu’au bout de toute chose, quelle qu’elle soit, de toutes mes forces. N’écouter que son impérialisme ». Ultime message d’un romantique égaré dans son siècle.
Son « Journal » paraît en 1964. Un dernier éclat, un fragment primitif, originel encore dans sa gangue de fierté verte. On y retrouve la pulsion de la jeunesse et les lignes abondent en appels répétés à la force et à la volonté, en promesses faites à soi-même de renoncer à toute faiblesse pour tromper son âme et forger son destin. Il y a aussi la joie et la foi. Huguenin était un fragmentariste, chaque phrase coupe comme une lame de Uhlan tailladant la folie et le néant, pourfendant la modernité et notre société afin d’arriver au plus vite à l’étendard : là, il s’en saisit, le brandit et décrète « Fonder une aristocratie spirituelle, une société secrète des âmes fortes ». Partout c’est une œuvre qui brûle du feu de la pureté imaginée comme ascèse pour des hommes surnaturels,supérieurs parce qu’ils s’imposent la brutalité d’une vie exigeante. Un livre qu’on ne veut pas voir traîner dans toutes les mains, un livre d’égoïste, un livre d’aristocrate.
Par Louis-Marie Galand de Malabry, 22 septembre 2012.
Les âmes fortes
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Mauser pray for us !
- Le 16/09/2012
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Se vaincre ou mourir
- Le 16/09/2012
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Je pressens les désordres de la tempête là où les autres savent la certitude du quai. Cela me convient, je ne peux me réduire à la simple condition d’être humain, il me faut toujours plus, une goutte de sang de loup, de sève ou de mer.